Mesdames, Messieurs,
A l’occasion du 50ème anniversaire de notre cabinet, nous sommes heureux de vous réunir pour explorer ensemble de nouvelles voies d’analyse et de pilotage de la valeur de vos organisations.
En tant que dirigeants d’association ou de fondation, vous êtes toutes et tous des porteurs de sens. C’est au non de valeurs, culturelles, sociales, médicales, éducatives, politiques, religieuses ou philosophiques, ou tout simplement animés par un sens aigu de l’altruisme, que vous œuvrez au cœur de vos organisations pour le bien commun.
Alors, lorsque nous vous appelons à « reconsidérer la valeur », vous pouvez être étonnés, surpris ou choqués que nous nous immiscions sur un terrain qui est le vôtre et à priori pas le nôtre !
Nous écrivons, sur la plaquette de présentation de notre cabinet « Vous pouvez compter sur nous, pour sécuriser votre information financière et améliorer vos performances ». Alors pourquoi diable vouloir s’exprimer sur le terrain des valeurs ?
Nous vivons en fait une période étonnante où la recherche de sens transcende les organisations tant lucratives que non lucratives. Les sociétés cotées doivent, depuis la loi NRE(*) de 2001, compléter leur rapport de gestion d’indications en matière de développement durable. Depuis juillet 2010, la loi Grenelle 2 de l’environnement impose et étend cette obligation aux entreprises de plus de 500 salariés (**). Les appels d’offres, ainsi que les appels à projet qui voient le jour comportent tous désormais un volet « développement durable » ou « Responsabilité sociétale » ou vos organisations, comme la nôtre, sommes invitées à nous prononcer sur notre politique de développement durable. La pondération de ces sujets dans la décision finale des donneurs d’ordres devient de plus en plus significative.
Mais de quoi s’agit-il en fait ? Pourquoi des organisations comme les vôtres, qui pour certaines sont déjà reconnues d’utilité publique ou reconnues de bienfaisance, doivent se préoccuper de « développement durable » ou de «responsabilité sociétale » ?
Vos associations et fondations sont, comme nous, des acteurs économiques et sociaux à part entière. Face aux enjeux écologiques et sociaux mondiaux, nous comprenons que nous devons tous revoir nos schémas de développement.
Nos intervenants de ce soir expliquent cela magnifiquement dans deux ouvrages de référence : « 2030, Le krach écologique » de Geneviève Ferone et « reconsidérer la richesse » de Patrick Viveret, dont je vous recommande la lecture.
Madame Ferone nous dit dans son ouvrage : « La réduction des émissions (de gaz à effet de serre) doit être avant tout un engagement immédiat, collectif, contrôlé et quasiment permanent compte tenu du phénomène d’inertie et du seuil critique que nous avons atteint ». Elle nous précise aussi que cela passera par « une désintoxication massive (…) des énergies fossiles et pas seulement du pétrole. » Enfin elle ajoute que le scénario vertueux de l’anticipation ne se réalisera pas. Il est trop tard ! Nous allons vivre le scénario de l’urgence » et puis pour nous réveiller si cela est encore possible, Mme Ferone nous précise que nous sommes « tous schizophrènes ». Nous savons maintenant qu’il faut agir, mais nous n’avons pas encore mis en place les modes de vie qu’impose cette situation d’urgence pour notre « communauté de destin ».
Concrètement, comment doit-on s’y prendre ? Vous savez les comptables sont plutôt des hommes et des femmes concrets. Quand Monsieur Jean Arthuis, Président de la Commission des Finances nous dit : « le développement durable de notre pays commence par le désendettement de l’Etat » pour ne pas alourdir les poids budgétaires de la dette pour les générations futures, ça nous parle !
Quand Patrick Viveret nous explique qu’il faut comprendre le terme « valeur » dans son acception d’origine qui veut dire « Force de vie » et que nous devons être très attentif à la fragilité du corps social de nos sociétés, nous l’entendons. Quand il nous dit qu’il faut prendre en compte, dans les décisions publiques, le critère de « soutenabilité », nous entendons ce discours. Mais que pouvons nous faire concrètement dans nos organisations professionnelles et sociales ? Nous lui poserons la question.
René Ricol, Commissaire général à l’investissent auprès du Premier Ministre, nous dit quant à lui que les investissements d’avenir doivent répondre non pas à nos besoins mais à ceux de nos enfants, nous le comprenons. Le Commissaire nous dit avoir pris en comptes que nos enfants veulent vivre sur une planète préservée de la pollution, avec plus de générosité, plus de solidarité et moins d’argent roi. Mais combien d’entre vous travaillez aujourd’hui pour répondre à l’appel à projet pour les investissements d’avenir en faveur de l’économie sociale et solidaire? Nous finirons notre soirée sur ce point.
Comme vous le voyez, de toutes parts nous sommes invités à intégrer concrètement dans nos organisations une dimension sociale, environnementale, sociétale et économique à long terme dans la stratégie de nos organisations. Nous devons tous travailler la performance globale de nos organisations, si chère et depuis longtemps au Centre des Jeunes Dirigeants.
Nous estimons quant à nous, qu’il est de notre devoir de partenaire de votre performance d’adjoindre désormais à nos conseils et analyses de nature financière des avis portant sur les valeurs non financières. Les actifs immatériels sont si importants que nous ne pouvons plus les exclure de nos indicateurs de gestion. Mais il nous faut trouver des unités de mesure communes qui nous permettent de retracer la performance de vos organisations et son évolution. Ensemble nous devrions pouvoir relever ce défi.
Cette analyse nouvelle de la performance durable de vos organisations est une formidable source d’innovation et de progrès. Qu’ils soient « entrepreneurs d’avenir » ou bien « entrepreneurs sociaux », militants du « développement durable » ou dirigeants responsables et visionnaires, nous avons souhaité leur donner la parole ce soir pour nous guider dans cette nouvelle aventure commune.
C’est le défi que nous nous sommes lancés à l’occasion de ce 50ème anniversaire du cabinet JEGARD, pour préparer les 50 ans à venir. Nous vous remercions de participer avec nous à cette réflexion.
François Jégard
Expert-comptable
Commissaire aux comptes
(*) NRE Nouvelles Régulations Economiques (**) décret à paraître prochainement.
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